Soirée de clôture


8 décembreSoirée de Clôture 

Au menu ce soir :
  • Lectures chronométriques par Véronique Vassiliou
  • Détail, court métrage sur Roman Opalka
  • The Observers, fiction documentaire de Jacqueline Goss

Le point commun entre les 3: le temps, bien sûr, thématique de ce festival, mais appréhendé sous l’angle des chiffres.

Véronique Vassiliou égrène les jours de l’année, donc le temps qui passe, qui ralentit, accélère, se dilate, le temps plein, le temps vide, les passe-temps. Son texte, recueil de sensations temporelles, présente cette notion comme une formule mathématique, une « formule temps ». Cette expression mathématique du temps apparait comme inéluctable.

C’est sous ce même angle des chiffres que Roman Opalka entreprend de rendre compte du passage du temps dès 1965. Il souhaite « visualiser le temps » et pour ce faire il « compte, écrit de manière continue de 1 à l’infini sur des toiles de mêmes dimensions». 10 ans plus tard, il décide d’ajouter 1% de blanc au grisé des chiffres.
La forme se dissout alors dans le fond, l’œuvre s’achemine vers « l’invisibilité absolue ». Il accompagne ses séances de travail d’un autoportrait réalisé chaque jour selon le même angle, et complète les images par des enregistrements de sa voix énumérant les nombres en polonais.


Roman Opalka nous lègue une œuvre protéiforme, témoignage concret, visuel et sonore, du passage du temps.



La blancheur est également centrale dans la fiction The Observers. Deux femmes différentes reproduisent les mêmes gestes au gré des saisons: des relevés météo, des séances d’abdo, des nœuds de cordes, des repas, des insomnies. 
A l’extérieur, les conditions climatiques sont effroyables: le froid, le vent, et la neige dominent le quotidien. A l’intérieur du refuge, la solitude et l’isolement sont de mises. Les relevés météorologiques du temps qu’il fait rythment le temps qui passe, sans parvenir à combler les sensations de vacuité et d’ennui, corollaires de l’exil en terre hostile. Seules les actions robotisées des personnages nous donnent une idée des heures qui s’enchaînent.


Deux courts métrages, une lecture, de multiples opinions controversées, les cerveaux s’échauffent malgré l’heure tardive. The Observers surtout suscite des réactions marquées, des avis tranchés. « Long et pénible » « vide et creux » selon certains, « contemplatif » et « proche de la réalité » selon d’autres. Cette heure de visionnage est apparue courte ou longue… Il semblerait donc qu’il n’y ait pas de juste mesure du temps, et que le temps subjectif des spectateurs l’emporte sur la durée chiffrée présentée par les œuvres. 

Laureline Boukobza

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