Causes et Effets


8 décembre Causes et Effets





L’Alcazar… salle de conférence… L’association Polly Maggoo dans le cadre du festival RISC nous offre de nouveau cette brillante possibilité de pénétrer dans le monde scientifique de manière ludique et conviviale.

On commence par deux petits courts-métrages «Le Pendu Chaotique» et «L’attirance comme un aimant» réalisés par des lycéens marseillais en collaboration avec le physicien Ricardo Lima et le cinéaste Pilar Arcila.

Dans ces films documentaires les élèves portent un vif intérêt envers des phénomènes physiques mystérieux comme l’attirance et leur curiosité se transmet sans aucun doute aux spectateurs.












On continue à s'imprégner d’un monde peu visible mais à la fois si fascinant avec le film expérimental de 30 minutes «Der Lauf der Dinge» (COURS DES CHOSES) de Peter FISCHLI et David WEISS. Ce film nous montre diverses interactivités entre des objets de la nature tous hétérogènes. Il met en valeur le déséquilibre des choses, par une accumulation de catastrophes, prises dans une réaction en chaîne. Ainsi des objets glissent, roulent, tombent ou prennent feu sur une distance d’environ quarante mètres, dans une halle industrielle. Les spectateurs sont absorbés par cette oeuvre avec d’innombrables actions expérimentales, impossible de détourner l’attention!


 





La séance finit par les projections suivies d’une présentation de manipulations scientifiques par des chercheurs. Deux doctorants en physique au laboratoire de CNRS Mathieu COLOMBANI et François GUILLARD en collaboration avec Ricardo Lima, ex directeur de Recherches au CNRS, font des expériences avec le sable en montrant ses propriétés étonnantes: le sable est-il solide ou coulant comme un liquide? Combien des grains pèsent-t-ils? Pourquoi la plage s’assèche devant nos pas? Peut-on construire un château de sable sous la mer? Les expériences faites par ces deux jeunes hommes ont nous fait découvrir le monde de la physique de manière simple et ludique, compréhensible aussi bien pour les adultes que pour les scolaires. Excellente présentation de causes et effets à tout public cet après - midi!




   






Causes et Effets, l’interaction perpétuelle.

Science et recherche, problèmes de la science et de lquestion dlrecherche scientifique…







Interview avec Ricardo LIMA, physicien, ancien Directeur de Recherche au CNRS, Centre de Physique Théorique (Marseille - Luminy), fondateur de Dream & Science Factory.

Platon énonce le principe de la causalité: «Sans l'intervention d'une cause, rien ne peut être engendré».

En physique, le principe de causalité affirme que si un phénomène (nommé cause) produit un autre phénomène (nommé effet), alors l'effet ne peut précéder la cause. À ce jour, il n'a pas été mis en défaut par l’expérience, mais certaines théories envisagent une causalité inversée.

On entend généralement par «cause» d’un fait ce qui le produit ou du moins qui participe à sa production. Donner les causes d'un fait revient à le rendre intelligible en répondant à la question: «Pourquoi ce fait a-t-il lieu?». La donnée des causes peut donc être conçue comme l'«explication» du fait par excellence. La cause est une notion universelle, désignant ce qui produit l'effet, une force productive engendrant un effet et se prolongeant en lui.

Il faut souligner que les faits dont il est question dans notre expérience quotidienne ne sont souvent pas aussi simples à expliquer qu'une expérience en physique. La donnée des causes d'un fait au quotidien revient presque toujours à isoler dans l'incroyable complexité du monde un fait antérieur notable qui semble être suffisant à produire le fait à expliquer, le reste du monde fonctionnant comme d'habitude. Alors survient le vécu de compréhension.



    • « Causes et Effets», pourquoi ce choix de thème?



R.L.: Ce n’est pas moi qui ai fait ce choix. On a eu une idée de faire un film documentaire sur la science avec des lycéens et il fallait choisir le sujet. Je suis intervenu dans la première phase, on a discuté avec eux du sujet à choisir. J’ai eu un bulletin de vote ou j’ai formulé quatorze questions équivoques où il y a beaucoup d’interprétations possibles, tout ça pour une classe de trente élèves: comment approcher le centre de notre univers? Comment avance un corps au repos? Comment attirer le positif sans devenir négatif? Comment trouver les plus petits aimants du monde? Comment imaginer un aimant sans deux pôles? Comment voyagent des images de la télévision? Comment voyage la parole entre deux portables? etc.  Nous avons discuté durant deux longues heures.

En effet, le plus important c’est de parler. Savez-vous que la science et la recherche sont des choses très différentes? La science, c’est ce qu’on sait déjà, on peut tirer un livre ou faire des cours et on a la réponse à des questions qui sont posées à l’intérieur de la théorie scientifique. 

La recherche c’est la frontière. Là on ne sait pas encore, on n’a pas de réponse. On a des questions et on peut tirer la question dans plusieurs sens et essayer de voir vers quel point de vue on pourrait avancer. Le problème de la question de la recherche scientifique est qu’il faut non seulement trouver  la réponse à la nouvelle question mais aussi il faut que cela ne contredise pas ce que l’on connaît déjà et ça, c’est extrêmement difficile.



    • On dit chaque effet a sa cause. Est-ce que vous êtes bien d’accord?



R.L.: Je pense que oui. Le problème de la science est de déterminer la notion de «la cause» et de «l’effet», c’est un problème délicat depuis le début de XXème siècle. Imaginons deux événements à deux endroits différents – dans un repère un événement peut être avant l’autre et dans l’autre repère où vous voyagez d’une autre façon, l’autre événement peut être avant celui-ci. C’est relatif dans certaines conditions. Quant aux mots scientifiques, il y a toujours de longues discussions avant d’être d’accord: qu’est-ce qu’on attend par tel mot. Il faut être très attentif avec le mot «causal». Tout ne peut pas être la cause de quelque chose d’autre. C’est un problème très compliqué mais très intéressant.





    • Combien de temps avez-vous consacré à la réalisation de ce film documentaire avec les lycéens?



R.L.: J’ai passé avec eux une matinée entière, quatre heures. Après on avait convenu que je ne reste pas pour ne pas perturber l’imagination des élèves. Et ça c’est le plus important. Ils n’ont pas beaucoup de possibilités dans leur vie scolaire de pouvoir passer d'une chose qu’ils regardent et dont ils discutent en science à quelque chose qui les préoccupe. Là c’était la relation entre les garçons et les filles, qui était à priori en dehors du thème dont on a discuté. C’est le danger de vouloir aller vers des jeunes avec une idée préconçue où ils doivent arriver, c’est ça qui tue l’intérêt pour la science. Cette histoire de pendu, l’observer, ça pose un problème. Après le film qui dure trois minutes et demie, ça ne résume pas du tout la discussion acharnée sur ces problèmes-là car il y avait des points de vue différents. Le fait qu’ils posent des questions sur des objets et des choses qu’ils touchent tous les jours, ça c’est important.





    • Des petits films comme celui-ci, c’est un énorme travail. Combien de temps est-ce que ça prend pour faire un tel film expérimental?



R.L.: C’est un film d’artiste, une vraie œuvre d’art et c’est un projet de six mois. Malheureusement on a perdu la mesure de l’investissement qu’il faut pour beaucoup d’œuvres, même un film de trois minutes et demie…je sais le temps qu’il a fallu consacrer pour ce film, des textes, des questions…pour ceux qui n’ont pas cette expérience. C’est comme une pièce de théâtre. Des heures et des heures…C’est impossible de quantifier le temps passé pour la production du film. Il faut avoir une expérience extrêmement longue d’années et d’années pour arriver à faire des films pareils.



    • Est-ce que vous avez d’autres projets concernant le cinéma et la science?



R.L.: Pour réaliser des films il existe toujours le problème du financement. Mais j’ai très envie. Même sans aller jusqu'à la réalisation mais en tout cas participer, intervenir par exemple, aux séances scolaires, pourquoi pas?


Véronica Kolomeets


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